Le mystère de la bouffe sur Facebook

Ce blogpost - qui va m'attirer plus d'un ennemi je le sens puisque je vous soupçonne, vous aussi, lecteur d'en être, mais tant pis j'assume - est un coup de gueule contre les 95% des photos de bouffe que je vois passer sur mon fil d'actualité Facebook depuis des années et qui me donnent à chaque fois purement et simplement envie de VOMIR.

 

La bouffe sur Facebook est pourtant un thème qui a encore de beaux jours devant lui, si trivial soit-il. Explications.

 

Petite galerie des horreurs...

Au lendemain des fêtes et à l'heure des réveils difficiles, des crises de foie et autres gastros (non, pas des gastro-nomiques, bande de gourmands, des gastro-entérites), mmmh, je commence par vous montrer une petite galerie d'images sadique, pour me venger de toutes ces photos qui envahissent mon mur Facebook et m'inspirent des haut-le-coeur tous plus alpins les uns que les autres et vous montrer le désastre que peuvent produire de telles images sur l'estomac quand il est 9h30, 15h ou 16h30 par exemple et qu'on a de tout, sauf envie de ÇA :

Non, vous avez raison : sans doute le problème de l'écoeurement est-il ici causé en grande partie par la mauvaise qualité des photos.

 

Alors oui, pour donner envie sur internet, une chose est sûre : une bonne photo est le minimum à espérer, puisque dans ce contexte, l'activation des glandes salivaires passe par l'excitation préliminaire des glandes oculaires...

 

Donc : pour l'amour des gens qui vous suivent, et si vraiment vous ne pouvez pas vous en empêcher, prenez au moins des photos parfaites de votre gros pâté.

 

Le contre-exemple qui va bien :


Les photos du blog culinaire l'heure du cream viennent confirmer cette théorie : quand les photos sont bien faites, il est possible de saliver effectivement. Perso quand je les vois passer sur ma Timeline Facebook, là, il peut m'arriver de cliquer et de contempler avec un plaisir et une béatitude bien réelle ces petites choses vicieuses.

 

L'indubitable succès de la bouffe sur Facebook

Toujours est-il que pour éviter la gêne occasionnée par la vue de vos gros pâtés, je détourne généralement les yeux. Pourtant, je remarque bien l'engouement que ces photos produisent auprès des communautés (d'amis, de fans) : oui. Force est de constater que les gens ADORENT. Ils aiment, ils commentent, ils postent à leur tour leur dernier pâté pour comparer avec le premier.

 

La page Alsace sur Facebook, qui compte plus de 115.000 fans et un taux d'engagement qui frise l'indécence (presque 20% !) en est un bon exemple. Sur cette page, les photos de nourriture abondent...Il semblerait que le community manager de ces lieux a su judicieusement titiller la sensibilité gustative et les ressources culinaires des fans de sa région...En tout cas le concours "Alsacez votre table" lancé conjointement avec la page "Vins d'Alsace" a rencontré un franc succès auprès de la communauté (Regardez le nombre de "Like" et de partages sur la photo de la gagnante par exemple) !

 

La photo de la gagnante du concours "Alsacez votre table"
La photo de la gagnante du concours "Alsacez votre table"

Voici donc une bonne idée de community management : pour animer une page Facebook et induire de l'engagement de vos fans (si tant est bien-sûr que le sujet s'y prête grosso modo), postez des photos de nourriture dessus ou incitez vos fans à faire de même !


Pourquoi les gens aiment-ils tant les photos de bouffe sur Facebook ?

Au niveau psychologique, voici comment je m'explique cet engouement pour la nourriture sur Facebook :

 

  • À la différence du caca, la bouffe est source de moins de complexes, or comme quand on était petit, la fierté de montrer ses réalisations, qu'elles soient produit "naturel" ou "manufacturé", demeure semble-t-il. L'enfant qui sommeille en nous est toujours prêt à jouer et comparer ses chefs d'oeuvres gastriques ou gastronomiques avec son entourage social.
  • Gastrique ou gastronomique, c'est pareil. Que cela sorte ou entre dans l'organisme, la chose est semble-t-il source du même type de satisfaction et de joie, donc vraisemblablement de nature à être partagée.
  • Quand créativité rime avec fierté. Il est cependant certain que nous, humains pensant, ressentant et communiquant, nous ne pouvons nous empêcher d'exprimer des choses. Et comme s'exprimer ne se limite pas à l'usage de la parole, nous créons également. Nous ne pouvons pas nous empêcher de créer. Des idées, des entreprises, des bricolages en tout genre, des peintures, des sculptures, des films, des performances pour les plus artistes d'entre nous, ou bien simplement des plats, des gâteaux, des gratins. On prend alors fièrement en photo ces jolies assiettes garnies bien colorées avec viande, légumes et sauce et verre de vin pour les plus gourmets d'entre nous. Et puis de s'extasier en public de cette merveille : "Ooooh mais regardez comme c'est beau, comme j'ai bien travaillé, et comme je vais bien manger" (Nananèèèreuh). À moins que cela ne signifie encore autre chose...
  • Quand fierté affichée rime avec solitude : et si ces photos étaient en fait une manière d'inviter les amis que l'on n'a pas sous la main à partager sa pitance ? Oui, car il est bien connu qu'un repas n'a pas la même saveur lorsqu'il est mangé seul ou à plusieurs...Le partage sur Facebook serait donc un moyen pour le cuisinier ou le mangeur solitaire de mettre la dernière pincée de sel à son merveilleux met.

 

Alors si vraiment le plat en devient meilleur, je propose de le rajouter désormais à la fin de toutes les recettes de cuisine : salez, poivrez...et partagez sur Facebook !

 

Voilà, sinon je vous souhaite à tous une douce et merveilleuse année 2012 ! :-)